Un marché de talents tech toujours pénurique et stratégique
Le marché du recrutement tech reste caractérisé en 2024 par une pénurie criante de talents qualifiés dans les domaines de la data, du cloud, de la cybersécurité et du développement.
Les compétences évoluent rapidement, alimentant une concurrence féroce entre les entreprises pour attirer ces profils très demandés. Les attentes salariales sont élevées, poussées par la rareté de l’offre. Un développeur data senior à Paris peut ainsi prétendre à un salaire annuel de 70-90K€.
Créer une culture d’entreprise attrayante avec des avantages innovants comme la flexibilité totale, le télétravail et l’intéressement est devenu indispensable pour les entreprises françaises de la Tech afin de retenir ces talents experts volatils, très demandés sur le marché. Cela se reflète dans les initiatives mises en place par des entreprises comme Mirakl, Blablacar et Dataiku.
Mirakl, plateforme SaaS de marketplace, propose à ses employés des formations continues, un accès illimité à des cours en ligne ainsi qu’un budget annuel pour assister à des conférences, leur permettant de rester à la pointe dans leur domaine. Chez Blablacar, les ingénieurs et développeurs bénéficient d’un « Blabla Friday » hebdomadaire dédié à travailler sur des projets personnels ou expérimenter de nouvelles technologies, encourageant ainsi l’innovation. Dataiku, spécialisée dans l’analyse de données, a quant à elle instauré une politique de télétravail illimité et d’horaires flexibles offrant une flexibilité totale sur le lieu et le temps de travail, un avantage très prisé par les experts data et développeurs.
Cette pénurie pose des défis stratégiques majeurs : retards de projets, surcoûts, difficultés à innover… En 2019, Roxanne Varza, directrice du Station F, attirait déjà l’attention sur ce phénomène : « Le principal défi pour les start-ups n’est pas de trouver des financements mais de recruter les bons talents, que ce soit des ingénieurs, des commerciaux ou des experts produits. ». Une vue partagée par Paul Laubard ou encore Thibaud Elzière, respectivement DG de Sendinblue et co-fondateur de eFounders. Ces profils techniques sont donc au cœur du développement de l’entreprise et clé de la compétitivité.
Accélérer les processus de recrutement
Face à ce défi, les entreprises doivent impérativement accélérer et optimiser leurs processus de recrutement tech.
- Doctolib a fortement augmenté ses effectifs en 2024, avec +568 nouveaux collaborateurs (+24%). Pour y parvenir, ils ont mis en place un processus de recrutement entièrement digitalisé, avec des tests techniques en ligne et des entretiens vidéo pour aller plus vite.
- Pigment (entreprise de logiciels) a recruté 160 nouveaux collaborateurs en 2024 (+84%). Ils ont développé un outil interne d’analyse prédictive pour identifier les meilleurs talents tech et accélérer le processus de sourcing.
- Karos Mobility (mobilité verte) a embauché 53 nouveaux profils (+96%) grâce à un partenariat avec une école d’ingénieurs pour détecter les jeunes talents dès la sortie des études.
Outre les canaux traditionnels (Linkedin, écoles, recommandations), elles prospectent désormais massivement sur des plateformes spécialisées comme GitHub, StackOverflow et participent à des événements sectoriels comme les Google Cloud Summits.
L’agilité est cruciale : identifier rapidement les bons talents, les évaluer efficacement via des tests pratiques analysés par des experts métier, et surtout réduire les délais de décision pour ne pas se faire coiffer sur le poteau.
Faire appel à l'expertise externe
Pour les entreprises non-tech, il est pertinent de s’appuyer sur des cabinets de recrutement spécialisés dans les métiers de la tech, comme Mobiskill. Leur expertise métier permet de mieux cibler, évaluer et convaincre les meilleurs profils, tout en formant les équipes RH internes.
De plus en plus d’entreprises externalisent partiellement ou totalement leur recrutement tech pour gagner en efficacité et en réactivité sur ce marché ultra-concurrentiel.
Perspectives : une pénurie qui perdure
Les perspectives pour 2025 ne laissent pas entrevoir d’embellie. La demande en compétences tech, portée par la transformation numérique et l’essor de l’IA générative, restera supérieure à l’offre de talents formés. Les sources indiquent que la demande en compétences liées à la data et à l’IA restera très élevée en 2025, dépassant l’offre de talents formés disponibles. Cette forte demande est portée par l’accélération de la transformation numérique dans les entreprises et l’adoption croissante de l’IA générative.
Selon une étude, 70% des grands groupes français ont déjà intégré l’IA générative dans leurs stratégies en 2023, démontrant une adoption rapide de cette technologie émergente. Cependant, 80% des entreprises rencontrent des difficultés pour recruter les profils technologiques nécessaires, en raison de la pénurie de talents qualifiés et de l’inadéquation des compétences des candidats.
Les métiers les plus recherchés en 2024 incluent l’expert IA, le data analyst, le data engineer, l’Analytics Engineer, les spécialistes en MLOps et LLM Engineers. Dans le domaine du produit et du design, les rôles de Product Owner, Product Manager et UX/UI Designer sont également très demandés.
Les entreprises devront poursuivre leurs efforts pour attirer, former et fidéliser ces profils stratégiques, sous peine de prendre un retard difficile à rattraper.